Le général de réserve de l’armée israélienne, Giora Eiland, a affirmé que l’annonce faite par le Hamas concernant la suspension des négociations sur les échanges de prisonniers reflète clairement le véritable rapport de force entre les parties. Il a qualifié la guerre contre Gaza de “défaite totale”, loin d’être un “succès absolu”, comme certains le prétendent en Israël.
Dans un article publié sur Ynet, Eiland a expliqué qu’il existe deux méthodes pour analyser les résultats d’une guerre : la première consiste à évaluer la réalisation des objectifs fixés, tandis que la seconde repose sur la capacité d’un camp à imposer sa volonté à l’autre.
Il a précisé que, selon la première méthode, Israël a échoué dans trois objectifs et demi sur quatre :
- L’armée israélienne n’a pas réussi à détruire la force militaire du Hamas.
- Le gouvernement du Hamas à Gaza n’a pas été renversé.
- Israël n’a pas été en mesure d’assurer le retour sécurisé des habitants des colonies proches de Gaza.
- Concernant le retour des otages, cet objectif n’a été que partiellement atteint.
En revanche, selon Eiland, le Hamas a atteint tous ses objectifs, en particulier le maintien de son contrôle sur Gaza.
Quant à la deuxième méthode d’évaluation des guerres, qui consiste à forcer l’ennemi à se soumettre ou à lui imposer des conditions strictes, il a affirmé que Israël n’a pas réussi à imposer sa volonté au Hamas.
Israël a mal compris la nature du conflit
Le général israélien estime que l’une des plus grandes erreurs du gouvernement Netanyahou a été une mauvaise appréciation de la nature de la guerre. Il a ajouté que comparer le Hamas à Daech était une faute stratégique majeure, qui a anéanti toute chance de victoire.
Eiland a expliqué que Gaza est devenue un État de facto depuis 2007, et que le Hamas, à l’instar de l’Allemagne nazie sous Hitler, a réussi à unir sa population derrière son gouvernement et à mobiliser toutes ses ressources pour atteindre ses objectifs.
Il a déclaré :
“Ce qui s’est passé le 7 octobre n’était pas une simple attaque terroriste, mais bien une déclaration de guerre de l’État de Gaza contre Israël. Pourtant, au lieu d’adopter une stratégie adaptée, Israël a fourni à l’ennemi tout ce dont il avait besoin : nourriture, eau, tentes, médicaments et même du carburant, facilitant ainsi sa résilience dans le conflit.”
Eiland a également critiqué la perception israélienne du Hamas comme une simple “organisation terroriste”, soulignant que cette vision appartient au XXᵉ siècle, tandis que le Hamas est aujourd’hui un acteur politique et militaire sophistiqué doté de capacités comparables à celles d’un État moderne.
Il a conclu en dénonçant la stratégie israélienne en guerre, affirmant qu’elle contredit le principe selon lequel “celui qui est clément envers les cruels finit par être cruel envers les innocents”, ce qui, selon lui, s’est traduit par l’incapacité d’Israël à imposer ses conditions malgré sa supériorité militaire.
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