Est-il temps de mettre fin aux nominations par allégeance ? - وكالة الحوض للأنباء

Est-il temps de mettre fin aux nominations par allégeance ?

Dès son premier mandat, le Président de la République a mené une lutte acharnée contre les carences de l’administration, appelant à une gouvernance plus efficace, plus proche du ...
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Dès son premier mandat, le Président de la République a mené une lutte acharnée contre les carences de l’administration, appelant à une gouvernance plus efficace, plus proche du citoyen et débarrassée des pratiques obsolètes qui freinent le progrès du pays. Il a également combattu avec fermeté les injustices sociales, notamment le racisme et les formes d’exclusion.

Aujourd’hui, alors qu’il entame son deuxième mandat, un nouveau défi s’impose à lui : institutionnaliser ces avancées en mettant en place des réformes durables, capables de garantir un État performant et inclusif bien au-delà de son exercice du pouvoir. Cela implique des mesures concrètes qui laisseront un acquis structurant, servant de socle au développement de la Mauritanie.


L’administration, un instrument de pouvoir captif depuis des décennies

Il est essentiel de reconnaître que cette partialité de l’administration n’est pas un phénomène récent. Elle a été entretenue et consolidée par tous les régimes précédents, qui ont fait de l’appareil d’État un outil de contrôle et de maintien au pouvoir.

Pendant des décennies, l’administration mauritanienne a été instrumentalisée pour :

  • Favoriser les réseaux du pouvoir en place, au détriment des principes d’équité et de compétence.
  • Entretenir une gouvernance opaque et clientéliste, où l’accès aux fonctions publiques dépendait plus des allégeances politiques que des qualifications.

Cette dynamique a généré une culture de l’exclusion et du favoritisme, fragilisant ainsi les institutions et nuisant au développement du pays.

Le Président, en entamant son second mandat, a l’occasion de rompre définitivement avec cette tradition en mettant en place des réformes structurelles qui garantissent une administration neutre, efficace et au service de tous les Mauritaniens.


L’attribution des postes de haute responsabilité : Une comparaison entre la Mauritanie et les démocraties occidentales

Dans de nombreuses démocraties occidentales, la distribution des postes de haute responsabilité repose sur une distinction fondamentale entre les fonctions politiques et administratives. Cette différenciation permet d’assurer une certaine neutralité de l’État et une continuité institutionnelle, indépendamment des alternances politiques.

En Mauritanie, cependant, l’exclusion systématique de l’opposition de certains des postes clés de l’administration et du gouvernement révèle une conception plus partisane et centralisée du pouvoir. Cette approche soulève des questions sur la séparation entre l’État et le parti au pouvoir, ainsi que sur la capacité du système à intégrer des logiques de gouvernance fondées sur le mérite plutôt que sur la loyauté politique.

1. Une dichotomie fondamentale : Administration publique et fonctions politiques

1.1. Les systèmes occidentaux et la permanence bureaucratique

Dans les démocraties occidentales modernes, l’État repose sur une administration publique professionnelle et relativement indépendante du pouvoir politique.

  • Dans les régimes parlementaires (ex. Royaume-Uni, Allemagne, Canada) :
    • L’opposition n’a pas accès aux postes ministériels, sauf en cas de gouvernement de coalition ou d’union nationale.
    • Les hauts postes administratifs sont occupés par des fonctionnaires de carrière qui assurent la stabilité de l’appareil étatique, malgré les changements de gouvernement.
    • La culture bureaucratique privilégie la compétence et la neutralité, garantissant une gestion publique qui transcende les clivages partisans.
  • Dans les régimes présidentiels (ex. États-Unis, France) :
    • Un président nouvellement élu dispose d’un pouvoir discrétionnaire pour nommer certains hauts responsables (ambassadeurs, directeurs d’agences, juges fédéraux).
    • Toutefois, une grande partie de l’administration – notamment les corps de la haute fonction publique – demeure indépendante, garantissant la continuité des politiques publiques malgré les alternances politiques.

Les hauts fonctionnaires – directeurs généraux, secrétaires généraux, chefs d’agences publiques – sont souvent des technocrates issus de l’administration, recrutés sur la base de leur expertise et de leur expérience.

Ainsi, contrairement à la Mauritanie, l’administration occidentale ne change pas entièrement de visage à chaque changement de gouvernement.


Réformes prioritaires pour un État plus efficace et inclusif

Pour que le Président laisse un héritage structurant, il doit inscrire son action dans une réforme profonde de l’administration publique, inspirée des modèles démocratiques performants :

1️⃣ Mise en place d’une haute fonction publique stable et indépendante
🔹 Séparer clairement les postes politiques des postes administratifs, en s’inspirant des meilleures pratiques internationales.
🔹 Assurer la continuité de l’administration, même en cas de changement de gouvernement.

2️⃣ Ouverture des institutions à toutes les compétences nationales
🔹 Instituer un processus transparent de nomination des hauts fonctionnaires, basé sur le mérite et l’expertise plutôt que sur l’appartenance politique.
🔹 Donner une place à l’opposition dans certaines instances stratégiques (ex. commissions de contrôle, institutions de régulation), garantissant un minimum de pluralisme dans la gouvernance publique.

3️⃣ Encadrement juridique des nominations
🔹 Instaurer un mécanisme de validation des nominations aux postes clés avec des critères stricts de compétence.
🔹 Créer un Conseil de la Fonction Publique, chargé d’évaluer les profils des hauts fonctionnaires et de veiller à leur neutralité.


Un héritage durable pour la Mauritanie

En adoptant ces réformes, le Président laissera à la Mauritanie un acquis institutionnel durable, garantissant un État stable, efficace et équitable.

Si ce cap est suivi, la Mauritanie entrera dans une nouvelle ère, où l’État ne sera plus l’instrument d’un pouvoir partisan, mais une véritable institution au service de tous les citoyens, indépendamment des clivages politiques.

Ainsi, le défi du deuxième mandat est clair : passer d’une administration personnalisée à une administration institutionnalisée, où les compétences priment sur les appartenances. Ce serait là le véritable legs d’un Président visionnaire, soucieux de construire une Mauritanie moderne, inclusive et résiliente.

Ecrit par l’Ingénieur El Hadj SIDI BRAHIM SIDI YAHYA

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