Dans la soirée du mercredi 3 janvier, une fusillade a éclaté près et à l’intérieur du palais présidentiel de N’Djamena, plongeant la capitale tchadienne dans une atmosphère de tension et de peur. Selon les autorités, cette attaque, qualifiée de “mission suicidaire”, a été rapidement maîtrisée, bien que son déroulement soulève de nombreuses questions.
Un assaut inattendu et coordonné
L’attaque a commencé aux environs de 20h50 locales, lorsque des tirs nourris ont été entendus au centre de N’Djamena, à proximité immédiate de la présidence. Les assaillants, un commando de 25 personnes, sont arrivés à bord d’un véhicule Dyna, qui semble être tombé en panne juste devant les portes du palais. Descendant violemment du véhicule, ils ont poignardé quatre gardes présidentiels, tuant l’un d’eux, avant de tenter de pénétrer à l’intérieur du bâtiment.
Des habitants de la capitale, terrifiés par les événements, ont rapporté avoir entendu les coups de feu jusque tard dans la soirée. Une résidente a confié à la BBC qu’elle avait peur de sortir de chez elle, tandis que d’autres habitants ont décrit l’attaque comme une tentative désespérée de coup d’État.
Une riposte immédiate et un bilan lourd
Les forces de sécurité tchadiennes ont réagi avec rapidité et fermeté. Selon le ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement, Abdourahmane Koulamallah, l’incident s’est soldé par 19 morts, dont 18 parmi les assaillants. Six blessés ont également été dénombrés.
“Tout est sous contrôle”, a affirmé le ministre dans une déclaration diffusée sur Facebook depuis la cour de la présidence, entouré de soldats en treillis et de véhicules blindés stationnés à proximité. Il a précisé que les assaillants n’étaient pas armés de fusils, écartant ainsi la piste terroriste. “Ils ont agi avec une violence extrême, mais tout a été éradiqué rapidement”, a-t-il ajouté.
Une enquête en cours
Le procureur de la République, Oumar Mahamat Kedelaye, a qualifié l’attaque d’”actes d’une extrême gravité” impliquant des crimes contre l’État, des tentatives de complot et de participation à un mouvement insurrectionnel. Il a annoncé l’ouverture d’enquêtes pour identifier les instigateurs, coauteurs et complices, et leur appliquer toute la rigueur de la loi.
Un contexte troublé
L’attaque survient dans un climat de tensions croissantes au Tchad, notamment après le retrait des troupes françaises de N’Djamena, conséquence de la fin des accords de défense entre la France et le Tchad. Ce départ, observé dans d’autres pays sahéliens, reflète un repositionnement des forces dans la région et alimente un sentiment d’incertitude chez les habitants.
Des vidéos non vérifiées circulant sur les réseaux sociaux montrent des corps de combattants supposés avoir participé à l’attaque, tandis que les autorités tentent de rassurer la population. Si les motivations exactes des assaillants restent floues, cette tentative avortée rappelle les défis sécuritaires auxquels fait face le pays.
Conclusion
Bien que l’attaque ait été maîtrisée, elle met en lumière la fragilité de la situation sécuritaire au Tchad et la complexité des enjeux politiques qui entourent le pays. Le gouvernement devra redoubler d’efforts pour garantir la stabilité et renforcer la confiance des citoyens face à des menaces aussi imprévisibles.